Tourné entre novembre 1943 et novembre 1945 par Georges Rouquier dans la ferme de Farrebique, commune de Goutrens (Aveyron), ce film montre la vie quotidienne, au fil des saisons, d'une famille rouergate dans une petite propriété du Rignacois.
Primé à Cannes, à Venise, à Rome ce film est devenu une référence dans l'histoire du cinéma. Il eut également un bon succès aux États-Unis. Ce sont d'ailleurs les cinéastes américains Francis Ford Coppola et Steven Spielberg qui encourageront le réalisateur à revenir, 38 ans après, filmer Biquefarre sur les mêmes lieux et avec les mêmes personnages ou leurs descendants.
Farrebique est un modèle de documentaire, à peine romancé, sur la vie quotidienne de la paysannerie française avant les grandes mutations rurales. Georges Rouquier l'a réalisé en empruntant les méthodes de Robert Flaherty. Lui et son équipe ont vécu une année entière dans une ferme du Rouergue, filmant simplement et lyriquement « les travaux et les jours » de ses habitants. Le côté fictif est réduit au minimum ; certains protagonistes s'exprimant même en occitan rouergat. Le réalisateur intègre même des séquences de liaison purement documentaires comme la germination des plantes qui universalisent son propos. Parmi les aspects du film qui sont romancés, on peut citer notamment le fait que Henri, le fils cadet, était déjà marié à l'époque du tournage, alors qu'il est présenté comme célibataire, ce qui permet à Rouquier d'insérer une idylle avec la fille du voisin, ou la mort du grand-père, qui a pu ainsi observer le départ de son cercueil depuis ses fenêtres.
L'aspect linguistique est souvent mal compris par les spectateurs. Les grands-parents s'expriment soit en français, avec une difficulté visible, soit en occitan, et il arrive souvent que les membres des jeunes générations leur répondent en français. Il est logique de penser que Roch et Henri ont été élevés en occitan car on ne comprendrait pas sinon que leurs parents s'adressent à eux dans cette langue. Rouquier n'a pas voulu faire un film en occitan, donc entièrement sous-titré, et s'est contenté de laisser quelques témoignages de la langue du pays ; la vraisemblance fait pourtant penser que l'occitan était la langue de communication ordinaire dans cette famille, au moins pour les deux générations les plus âgées. Seules les deux générations plus jeunes peuvent s'exprimer avec aisance dans le français appris à l'école. Dans le film, le petit-fils Raymondou n'utilise l'occitan que pour commander au chien, mais une personne née dans les campagnes aveyronnaises dans les années trente, comme c'est son cas, parle d'ordinaire la langue du pays.